Pianiste et ambassadeur
Les Ambassadeurs de bonne volonté de l’UNESCO sont des personnalités qui mettent leur renommée au service des idéaux de l’organisation. Ils acceptent d’utiliser leur talent et leur charisme pour sensibiliser l’opinion mondiale à la promotion de l’éducation, de la culture et de la science. Les activités de l’organisation deviennent-elles ainsi plus visibles et efficaces. La dernière personne investie de ce rôle est le célèbre pianiste russe Denis Matsuev.
Sa nomination officielle vient d’avoir lieu à Paris, au siège de l’UNESCO. De cette façon, l’organisation internationale reconnaît les mérites du musicien comme elle l’a fait précédemment pour Yehudi Menuhin, Mstislav Rostropovich et, plus récemment, pour l’une des plus grandes sopranos de la scène lyrique Montserrat Caballé, le ténor Placido Domingo ou le pianiste de jazz Herbie Hancock. La liste est prestigieuse et le musicien russe n’y est pas un intrus. Né en 1975 à Irkoutsk, près du lac Baïkal, Denis Matsuev est l’un des plus éminents pianistes russes de notre temps. Depuis son triomphe au XIe Concours International Tchaïkovski de Moscou, en 1998, Denis Matsuev mène une carrière exemplaire et s’est imposé comme l’un des musiciens les plus recherchés de sa génération. Toujours avec le même succès il se produit dans les meilleures salles du monde avec des orchestres de renommée internationale tels que leChicago Symphony orchestra, Le London Symphony orchestra, Le New York Philarmonic, le Philadelphia Orchestra, le Berliner Philarmoniker, etc. Une collaboration riche et inventive l’unit aux chefs d’orchestre les plus en vue comme Lorin Maazel, Valery Gergiev, Kurt Masur, Zubin Mehta… – cette liste sera tout aussi longue. Il y a quelques semaines, des millions de spectateurs ont pu l’applaudir dans des extraits du Concerto pour piano numéro 2 de Rachmaninov lors de la soirée de clôture des Jeux Olympiques de Sotchi.
La cérémonie officielle de nomination en qualité d’ambassadeur de bonne volonté a été, elle aussi, suivie d’un concert avec la participation de Denis Matsuev. Mais cette fois-ci, à côté du virtuose le public a pu entendre et voir des jeunes lauréats de la Fondation « Les Nouveaux Noms ». Matsuev est président de cette fondation caritative interrégionale russe qui se donne pour tâche la recherche, la sélection et le soutien de jeunes musiciens, artistes et poètes. Matsuev lui-même est un ancien boursier de cette fondation, il sait par sa propre expérience l’importance du patronage et du sponsorat pour le développement des talents. Sa fondation a, au total, octroyé plus de 4 mille bourses, elle a accordé des subventions à plus de 11 mille autres jeunes et organisé pour eux de nombreux concerts à travers la Russie et le monde, y compris au Congrès des États-Unis, au Conseil de l’Europe à Strasbourg, dans des salles prestigieuses des pays les plus divers. N’est-ce pas une mission qui rapproche les mondes et les cultures ?
Pourtant les activités publiques du musicien ne s’y limitent pas. Depuis quelques années, Denis Matsuev s’est engagé auprès de la Fondation Serge Rachmaninov, créée par le petit-fils du compositeur. Il est inutile de dire que les œuvres du génie russe sont parmi ses préférées. « C'est une musique d'une souplesse telle, qu'elle s'adapte à la personnalité des interprètes, quelle que soit l'époque », dit le pianiste qui a pu interpréter et enregistrer des pièces inédites de Rachmaninov sur le piano du compositeur. Devenu directeur artistique de la fondation dédiée au grand homme, Denis Matsuev a fait des démarches auprès des autorités russes pour organiser l’acquisition de la villa Sénar, ancienne demeure de Rachmaninov au bord du lac de Lucerne, et éviter ainsi le démantèlement et l’éparpillement des archives du compositeur. Hormis cette fonction honorable Denis œuvre sur d’autres fronts également, cela en tant que membre du Conseil Présidentiel pour l’art et la culture ou responsable du Conseil public placé sous l’autorité du Ministère russe de la culture.
Autant de casquettes pour ce pianiste exceptionnel qui parvient à allier ces missions publiques avec ses activités d’interprète! En effet, il donne plus de 150 concerts par an, des États-Unis au Japon, et avoue qu’il le fait aussi pour rehausser le prestige de son pays. Selon Matsuev, lorsqu’un artiste russe sort sur scène, l’image de la Russie en profite : la culture est un des facteurs les plus puissants. Et voici un nouvel exemple : le concert de Denis Matsuev dans la salle Pleyel le 6 avril. Ce soir-là son ami Valéry Guerguiev dirige le London Symphony orchestra, avec au programme des œuvres de Messiaen, de Skriabine et le Deuxième concerto pour piano de Liszt. Selon l’affiche du concert, la pièce de Liszt, la plus lumineuse du compositeur, « apporte, sous les doigts inspirés de Denis Matsuev, un contrepoint brillant à ce programme éblouissant ».
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Anton Nikolski
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