Review on the Concert at La Roque-d’Anthéron Festival
Le plus jeune a ouvert les feux avec le 1er Concerto pour piano de Tchaïkovski. L’insolence de sa virtuosité s’appuie sur la joie d’être au monde et le plaisir du jeu. Un bonheur physique et combatif. Denis Matsuev attaque le clavier à plein corps, ses doigts ronds plantés dans les touches. A quarante ans, il conserve ce tempérament d’enfant bagarreur qui le propulse allègrement au sommet des partitions les plus ardues. Il fallait bien cette force joviale et une diabolique improvisation jazz en bis pour calmer l’agacement d’une partie du public, après une demi-heure de retard due au plan Vigipirate. Et pour contrer la vigueur des cigales que la canicule a stimulées pendant toute la durée du concert…
Son Tchaïkovski charnel, puissant, lyrique et virtuose perd tout maniérisme dans une interprétation qui soulève des tempêtes. Mais la fluidité des notes transforme chaque déferlement en embruns scintillants. Matsuev survole la vélocité et libère des énergies telluriques sur une tranquillité désarmante. Plus athlète que poète, jusque dans les nuances les plus douces, il installe l’œuvre dans un combat contre les éléments. Dont il sort vainqueur sans la moindre peine.
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